Ville concernée par crit air : la liste complète et les restrictions de circulation à connaître

Depuis janvier 2023, vous l’avez sans doute remarqué : vos déplacements en voiture deviennent un véritable casse-tête, surtout si votre véhicule a plus de quelques années. Les fameuses vignettes Crit’Air se sont imposées comme le passe-droit — ou plutôt le laisser-passer — pour circuler dans certaines zones urbaines. Mais à quelles villes ces restrictions s’appliquent-elles réellement ? Et surtout, comment s’y retrouver dans ce maillage de règles souvent floues ?

Sur Carburant Écologique, on aime séparer la théorie de la réalité du terrain. Alors aujourd’hui, on va vous dresser un tableau clair, net et précis des villes concernées par les restrictions Crit’Air, tout en vous expliquant ce que cela implique concrètement pour votre quotidien. Spoiler : si vous habitez en périphérie d’une métropole, il va falloir penser à changer vos habitudes. Ou votre voiture.

Petit rappel : c’est quoi une vignette Crit’Air ?

La vignette Crit’Air est un certificat qualité de l’air émis par le ministère de la Transition écologique. Elle classe les véhicules en fonction de leur niveau d’émissions polluantes, de la norme Euro à laquelle ils correspondent et de leur type de motorisation (essence, diesel, hybride, électrique…).

Il existe 6 catégories, allant de la vignette verte (véhicules 100 % électriques ou à hydrogène) jusqu’à la vignette n°5, qui concerne principalement les vieux diesels. En dessous, il y a encore une catégorie… sans vignette du tout : les véhicules trop anciens pour être classés.

Le but ? Réduire la pollution de l’air en limitant la circulation des véhicules les plus polluants, notamment en périodes de pics de pollution ou dans des zones à faibles émissions mobilité (ZFE-m), que nous allons détailler ci-dessous.

Qu’est-ce qu’une ZFE-m, au juste ?

Les Zones à Faibles Émissions mobilité (ZFE-m) sont des périmètres géographiques où la circulation est restreinte selon la classe Crit’Air des véhicules. Impulsée par la loi LOM et renforcée par la loi Climat et Résilience, cette mesure vise à améliorer la qualité de l’air dans les grandes agglomérations.

Actuellement, la législation oblige les villes de plus de 150 000 habitants à instaurer une ZFE avant 2025, soit une quarantaine d’agglomérations concernées à terme. Certaines ont déjà franchi le pas. D’autres avancent à pas de tortue… sans mauvais jeu de mots pour nos amis cyclistes.

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Les villes déjà concernées par Crit’Air

Passons aux choses concrètes. Voici la liste des principales villes françaises où des restrictions de circulation basées sur le système des vignettes Crit’Air sont déjà en vigueur :

  • Paris : la capitale est la pionnière en la matière. Depuis 2021, les véhicules Crit’Air 4 et 5 sont interdits en semaine dans la ZFE (périphérique inclus). D’ici 2024-2025, seuls les Crit’Air 1, 0 et les électriques devraient encore circuler.
  • Lyon : la métropole a mis en place une ZFE qui s’élargit progressivement. Les restrictions concernent déjà les véhicules Crit’Air 5 et non classés. D’autres classes seront bannies dans les prochaines années.
  • Grenoble : l’une des premières à avoir adopté une ZFE. Les restrictions concernent à ce jour les véhicules Crit’Air 5 et sans vignette.
  • Strasbourg : la collectivité européenne d’Alsace a également instauré une ZFE, même si des ajustements sont encore en cours.
  • Marseille : la ZFE couvre une grande partie du centre-ville, avec l’interdiction progressive des véhicules les plus anciens. Les véhicules Crit’Air 5 et hors classe ne sont plus autorisés.
  • Nice : restrictions en cours dans certains quartiers. Planifié pour évoluer vers une ZFE complète.
  • Rouen : la ZFE s’applique à la Métropole Rouen Normandie. Engagée mais encore en phase d’implémentation.
  • Toulouse : configurée depuis 2022, elle prévoit l’exclusion progressive des véhicules classés Crit’Air 4, puis 3, etc.
  • Montpellier : dispositif Crit’Air en phase de montée en puissance. À suivre de près.
  • Reims, Clermont-Ferrand, Saint-Étienne, Avignon, Annecy, Toulon, Pau : ces villes font partie de la prochaine vague concernée, avec des projets ZFE en phase de concertation ou de préfiguration.

Ce que ça veut vraiment dire pour vous

Disons-le franchement : si vous conduisez une vieille Clio diesel de 2005 pour aller bosser en centre-ville, vos jours de tranquillité sont comptés. Et ce n’est pas juste une question de politique verte : les ZFE vont se multiplier, et devenir de plus en plus restrictives.

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Voici ce que cela peut impliquer concrètement :

  • Amende en cas d’infraction : dès 2024, les contrôles seront automatisés via radar ou caméras ANPR. Prévoyez une amende forfaitaire de 68 €… à chaque passage. Ça peut piquer très vite.
  • Perte de valeur du véhicule : avec une interdiction croissante de circuler en ville, les véhicules Crit’Air 4, 5 et non classés voient leur cote chuter.
  • Adaptation des trajets et du mode de vie : vous habitez en banlieue et bossez dans l’hypercentre ? Il faudra vous organiser autrement : covoiturage, vélo, transport en commun, voire déménagement pour les cas extrêmes.

Un artisan que j’ai rencontré sur un chantier à Lyon me disait, mi-figue mi-raisin : « Mon vieux fourgon fonctionne encore très bien, mais je peux plus rentrer en ville pour bosser. C’est pas juste. » Il n’a pas tort — la transition est en cours, mais pas toujours juste ou synchronisée pour tout le monde.

Quels véhicules sont concernés par les restrictions ?

Les règles varient selon les villes. Mais en règle générale :

  • Les véhicules Crit’Air 5 et non classés sont quasiment toujours visés en priorité. En général, il s’agit des diesels immatriculés avant 2001.
  • Puis viennent les Crit’Air 4 (diesels immatriculés entre 2001 et 2005).
  • Les Crit’Air 3 seront bientôt concernés dans certaines zones, notamment en 2025 dans plusieurs grandes métropoles.

Une logique progressive est souvent appliquée. Chaque ville peut aussi, ponctuellement, interdire tous les véhicules sauf ceux qui sont Crit’Air 0 ou 1 lors des pics de pollution.

Comment savoir si je peux circuler ou non ?

La question que beaucoup se posent. Pour vérifier si vous pouvez circuler dans une ZFE, plusieurs options :

  • Vérifiez votre classement Crit’Air : vous pouvez commander votre vignette ou simplement vérifier votre catégorie sur le site officiel certificat-air.gouv.fr.
  • Consultez la carte interactive des ZFE disponible sur le site du Ministère de la Transition écologique.
  • Lisez les arrêtés préfectoraux ou les sites des métropoles concernées.
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Il ne suffit malheureusement pas d’avoir une vignette : encore faut-il que cette dernière soit de la bonne couleur pour le jour et le lieu de circulation ciblé…

Et si j’ai un vieux véhicule mais que je n’ai pas les moyens de changer ?

Vaste sujet. Et inquiétude parfaitement légitime. Pour accompagner cette transition, l’État a mis en place plusieurs dispositifs :

  • La prime à la conversion : pour aider à l’achat d’un véhicule peu polluant en échange de la mise au rebut d’un ancien véhicule.
  • Le bonus écologique : pour l’achat d’un véhicule électrique ou hybride rechargeable.
  • Le leasing social à 100 €/mois : lancement progressif début 2024, mais très (trop) vite saturé.
  • Des aides régionales ou locales : selon votre lieu de résidence, vous pouvez combiner plusieurs dispositifs.

Mais ces aides restent inaccessibles pour une part non négligeable de la population, souvent les plus dépendants à la voiture. Un paradoxe que les politiques auront à résoudre si l’on veut une transition écologique juste et inclusive.

Faut-il s’inquiéter pour l’avenir ?

Oui… et non.

Oui, car les restrictions vont continuer de se durcir à court et moyen terme. La carte des ZFE va s’étendre. Et les contraintes vont toucher de plus en plus de conducteurs, en particulier ceux des classes moyennes vivant en périphérie urbaine.

Non, car c’est aussi l’occasion d’adapter nos mobilités. Repenser l’espace urbain, développer le transport en commun, expérimenter la logistique du dernier kilomètre ou les modes doux. C’est un virage contraint, certes. Mais aussi une possibilité de révolutionner nos façons de nous déplacer.

Une chose est sûre : mieux vaut anticiper que subir. La vignette Crit’Air n’est pas un gadget bureaucratique de plus. Elle est le symptôme — ou le signal d’alerte — d’un changement de paradigme dans la mobilité française. Certains l’ignorent encore, mais ce sont pourtant nos comportements, collectivement, qui détermineront si cette transition sera subie ou choisie.